
Notre entreprise maintient son avance, elle est capable de créer les savoir-faire dont le XXIe siècle a tant besoin.
Quel bilan dressez-vous de 2018, troisième année du plan de développement de Veolia ?
Ce qui ressort avant tout de cette année, c’est la forte croissance de notre chiffre d’affaires : celui-ci a augmenté de 6,5% à change constant, pour s’établir à 25,9 milliards d’euros. En termes géographiques, notre croissance est équilibrée : elle provient d’Amérique latine, d’Asie, d’Europe centrale, d’Europe du Sud et du Royaume-Uni. En termes de clientèle, les industriels représentent 60% de notre croissance et les municipalités, 40%. En termes sectoriels, plus de la moitié de cette croissance est issue des nouvelles activités que nous avons identifiées comme stratégiques, telles que l'économie circulaire, l’efficacité énergétique, le traitement des pollutions difficiles, la gestion des équipements industriels en fin de vie...
C’est un signe très encourageant car, en nous projetant avec réussite sur ces marchés émergents qui renouvellent nos activités, nous confortons le développement futur de Veolia.
Dans toutes nos géographies, nous avons effectué de très belles conquêtes commerciales, qui ont déjà ou auront un impact positif sur notre chiffre d’affaires. Par exemple, le contrat multi-utility de 18 ans conclu avec DuPont aux États-Unis, ou celui pour l'exploitation, durant 25 ans, de la première unité de valorisation énergétique des déchets d'Australie, ou encore le contrat d’exploitation de 20 ans de l'usine de dessalement de Salalah, dans le sultanat d'Oman...
L'excellent taux de renouvellement de nos contrats parvenus à terme, de même que les contrats que nous avons gagnés dans les « places fortes historiques » de nos concurrents, comme celui pour la gestion du service d’assainissement de Bordeaux, attestent la qualité et la compétitivité de nos offres.
Quels autres enseignements retirez-vous des comptes 2018 ?
Les indicateurs financiers de Veolia traduisent l'amélioration de ses performances opérationnelles et l'accroissement de sa profitabilité. Ainsi, notre EBITDA a atteint 3,4 milliards d’euros et a progressé de 7,3% à change constant. Nos économies de coûts se sont élevées à 302 millions d'euros et sont en phase avec l'objectif de 300 millions d'euros que nous nous étions assigné. Quant au résultat net courant part du Groupe, de 675 millions d'euros, il a augmenté de 14,7% à change constant et hors plus-values financières. Enfin, notre endettement financier net est repassé, comme prévu, sous la barre des 10 milliards d’euros : il est donc maîtrisé.
L'année 2018 s'inscrit dans le solide mouvement de croissance de nos résultats entamé il y a plusieurs exercices : elle l'amplifie et l'accélère. Sur les 3 derniers exercices, la hausse moyenne annuelle – à change constant – de notre chiffre d’affaires s'élève à 4%, celle de notre EBITDA, à 5%, et celle de notre résultat net courant, à 10%. Preuve que notre Groupe est fermement positionné sur une trajectoire de croissance rentable et pérenne.
L'année 2018 a-t-elle été riche en innovations ?
Oui, et c'est un point à souligner car ces innovations sont à terme sources de compétitivité et d'attractivité.
En définitive, 2018 aura été l'année d'une triple consolidation : consolidation de notre croissance, consolidation de nos performances, et aussi consolidation de nos innovations. Ainsi, nous avons ouvert la première usine française de recyclage de panneaux solaires : son taux de valorisation dépasse les 95% ! Autre exemple, nous avons mis au point une nouvelle génération de robots, autonomes et reposant sur les technologies d'intelligence artificielle dites « en réseaux de neurones », afin d'améliorer le tri des déchets.
Un point crucial car le bon recyclage des déchets dépend de la qualité de leur tri. Nous avons également signé un partenariat avec EDF pour créer, en Europe, de nouvelles filières industrielles de haute technicité et de haute valeur ajoutée, d’une part dans le démantèlement des réacteurs graphite gaz, d’autre part dans la vitrification des déchets nucléaires.
Toutes ces innovations sont importantes parce qu’elles préparent l’avenir de notre Groupe, mais aussi parce qu'elles disent quelque chose d’essentiel sur lui.
Elles disent que notre expertise est différenciante, que notre entreprise maintient son avance et qu'elle est capable de créer les savoir-faire dont le XXIe siècle a tant besoin.
Quelles sont les perspectives de Veolia pour 2019 ?
Étant supérieures aux objectifs que nous nous étions fixés, nos performances 2018 nous placent en très bonnes conditions pour conclure avec succès notre plan de développement 2016-2019. L'année 2019 devrait donc être une nouvelle année de croissance soutenue. C’est pourquoi notre Groupe a pleinement confirmé les engagements qu’il a pris pour celle-ci :
- poursuivre la croissance de son chiffre d’affaires ;
- dégager au minimum 220 millions d’euros d’économies de coûts ;
- atteindre un EBITDA compris entre 3,5 et 3,6 milliards d’euros.
En pratique, nous allons continuer de décliner, avec pragmatisme et sérénité, la double dynamique qui anime notre plan de développement. D'une part, une dynamique de croissance, reposant pour l'essentiel sur notre développement organique, complété de quelques acquisitions ciblées, de petite taille. À travers ces opérations de croissance interne et externe, nous étoffons méthodiquement nos plates-formes géographiques et sectorielles, et nous ajoutons des maillons qui manquaient encore à notre chaîne de valeur.
D'autre part, une dynamique d'efficacité qui s'appuie sur nos programmes d'amélioration des performances opérationnelles, le contrôle de nos frais généraux et une rigoureuse politique d'achats. Sur la période 2016-2018, nous avons dégagé 802 millions d'euros d'économies de coûts ; à fin 2019, en cumulé sur les 4 années de notre plan de développement, nous aurons dépassé le milliard d'euros d’économies !
Et pour les années suivantes ?
À partir de 2020 commencera notre nouveau plan stratégique, qui servira de boussole à notre Groupe durant 4 ans. Sa construction a débuté en 2018 avec la démarche participative « Inspire », grâce à laquelle nous avons recueilli plus de 1600 contributions internes. Au cours de l'année 2019, les grands axes de ce plan seront détaillés, chiffrés et déclinés en feuille de route locale. Au-delà des activités économiques, ce plan comprendra un volet sur l'organisation et le fonctionnement de notre Groupe afin d'accroître sa réactivité, d'achever sa transformation digitale et d'intensifier les synergies pour exploiter l'intégralité de son potentiel de développement. Ce plan ouvrira une nouvelle page de l'histoire de notre entreprise qui lui permettra de renforcer ses positions sur les marchés les plus porteurs et d'accentuer son leadership dans les métiers de l'environnement.

Comment Veolia prépare-t-il le renouvellement de ses activités ?
Court terme, moyen terme, long terme : ainsi s'échelonnent nos activités afin de bâtir des relais de croissance supplémentaires et d'assurer une transition harmonieuse entre les activités qui émergent et celles déjà matures.
Parmi nos différentes activités figurent d'abord celles qui sont les plus répandues et que, en recourant à une métaphore naturelle, je qualifierais de « forêts ».
Ce sont nos offres classiques, que nous maîtrisons bien et qui assurent aujourd'hui l'essentiel de notre chiffre d'affaires. Ces forêts sont à répliquer, en particulier dans de nouvelles géographies à forte croissance et à solvabilité correcte.
Ensuite viennent des activités plus récentes, que l'on peut appeler « arbres », qui sont à reproduire et à densifier pour les transformer un jour en « forêts ».
Ce sont par exemple l'efficacité énergétique, le recyclage des plastiques, la biométhanisation des déchets organiques. Notre objectif est de diffuser de façon plus industrielle, plus systématique et plus massive ces offres prometteuses.
Enfin existe un foisonnement d'activités originales et émergentes. Ce sont les « graines » que nous semons et que nous nous employons à faire grandir pour qu'elles deviennent des « arbres ». Ces jeunes pousses pleines d'avenir, mais encore petites à l’échelle de Veolia, se nomment microgrids, agriculture urbaine, qualité de l’air... Toutes ces graines, il nous faut les tester, les sélectionner avec soin, puis les faire croître. Car c’est avec elles que s’invente le futur de Veolia.
Cette année, Veolia définira sa raison d’être. Pourquoi cela ?
Exprimer la raison d’être de notre Groupe, c'est indiquer le sens ultime de son action, c'est dire en quoi et comment il est utile à tous ceux qui participent à sa bonne marche. Notre raison d'être découlera de la mission que nous nous sommes donnée : « Ressourcer le monde ».
Elle servira de ligne d’horizon à notre stratégie et à l’ensemble de nos initiatives. Elle sera notre projet collectif et notre ambition commune pour que Veolia soit perçue comme utile, voire indispensable, par ses clients ; comme prospère et reconnaissante, par ses actionnaires ; comme engageante, et même passionnante, par ses collaborateurs. Et comme inspirante par tous !
Face au défi de la lutte contre le réchauffement climatique, que propose une entreprise comme Veolia ?
Des solutions concrètes, éprouvées et complémentaires :
- l'efficacité énergétique, notamment dans les bâtiments car beaucoup d’entre eux demeurent des « passoires » énergétiques ;
- le basculement vers les énergies renouvelables, comme la biomasse, les combustibles solides de récupération ou les calories des eaux usées ;
- l'économie circulaire, qui, en transformant les déchets en ressources, réduit drastiquement les émissions carbonées ;
- le captage du méthane, un polluant lorsqu'il est relâché dans l’atmosphère, mais une énergie verte lorsqu'il est transformé en chaleur...
Une entreprise utile est celle qui, face aux défis du XXIe siècle, ne se désiste pas mais agit pour les relever. C'est notre conviction.
Les gains qu'apporterait la généralisation de ces solutions sont immenses. Prenons le cas de la récupération de l'énergie perdue. En Europe, seul 1% de la chaleur fatale des usines et des villes est réutilisé ; 99% sont perdus ! Étant inscrits au cœur des enjeux des villes et des entreprises, nos métiers sont très porteurs sur le long terme.
Ce sujet nous ramène à la raison d’être de notre Groupe et à son utilité. À vrai dire, peu de tâches sont aussi indispensables que contribuer à surmonter les grands défis que connaît l’humanité, tels le changement climatique, la rareté de l’eau, de l’énergie et des matières premières, le traitement des pollutions toxiques, l’accès de tous aux services essentiels... Pour la part qui est la nôtre, nous voulons les relever et aider nos clients à le faire. En définitive, une entreprise utile, n’est-ce pas celle qui, face aux défis du XXIe siècle, ne se désiste pas mais agit pour les relever ? C’est en tout cas notre conviction à Veolia.

