Conférence de l'Institut Veolia sur "La qualité de l'air intérieur : relever les défis de l'invisible"

Animée par Cédric Baecher, co-fondateur du cabinet Nomadéis (au centre), la conférence a réuni (de gauche à droite) : Corinne Mandin, responsable de l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur (OQAI) du Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB), Séraphine Haeussling, coordinatrice Household Energy, Climate and Clean Air Coalition (CCAC), Benjamin Ficquet, directeur Property & Exploitation d’Icade, Frédéric Bouvier, directeur du Pôle de compétence Air de Veolia.
 

La pollution de l’air intérieur concerne les logements, les bureaux, les écoles et les transports où nous passons 80 % de notre temps. Ces espaces sont parfois plus pollués que l’air extérieur. Face à cet enjeu de santé publique, l’Institut Veolia a organisé le 6 mars au siège du Groupe à Aubervilliers, une conférence sur ce thème, à l’occasion de la parution de revue Facts Reports sur "La qualité de l'air intérieur : relever les défis de l'invisible". Principaux extraits des échanges.

 

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) évalue à 3,8 millions le nombre de décès annuels causés par un air intérieur de mauvaise qualité au niveau mondial. Pour agir, le premier levier consiste à mesurer la qualité de l’air intérieur de chaque bâtiment. Il faut ensuite traiter les flux d’air circulant avec des solutions efficaces pour faire respecter le droit de tous à respirer un air sain.

La pollution de l’air est l’un des principaux risques environnementaux. À l’échelle planétaire, selon l’OMS, c’est le 4eme facteur de risque de mortalité : la pollution de l’air tue plus que le tabac. Et la liste des polluants de l’air intérieur est longue (xylènes, benzène, composés organiques volatils, formaldéhyde, ozone, particules fines, allergènes etc). Les polluants de l'air intérieur ont des concentrations de l’ordre du microgramme ou de la dizaine de microgrammes par m3, soit des concentrations 100 à 1000 fois plus faibles que celles du CO2. [...] Par ailleurs, 40 % de la population mondiale n’a toujours pas accès à des combustibles et des technologies propres pour faire la cuisine, se chauffer et s’éclairer.
NICOLAS RENARD,
DIRECTEUR DE LA PROSPECTIVE DE L'INSTITUT VEOLIA

Améliorer la qualité de l’air intérieur doit être une priorité mondiale

Séraphine Haeussling, coordinatrice Household Energy, Climate and Clean Air Coalition (CCAC) a rappelé :

la Coalition pour le climat et l’air pur (CCAC) réunit 69 gouvernements, des organisations publiques et privées et la société civile pour réduire les polluants climatiques à courte durée de vie, comme le noir de carbone, le méthane, les hydrofluorocarbures ou l’ozone. La Coalition est un catalyseur pour mettre en oeuvre des solutions immédiates pour lutter contre ces polluants. La pollution intérieure, directement liée à la pauvreté, touche principalement les plus vulnérables (femmes et enfants), par exemple sans accès à l’électricité. Les initiatives améliorant la qualité de l’air intérieur doivent donc être considérées comme une priorité mondiale.

Pour Corinne Mandin, Observatoire de la qualité de l’air intérieur (OQAI) du Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) :

Depuis une dizaine d’années, la qualité de l’air intérieur est devenue une composante majeure de la santé environnementale. Et nous constatons que près de 10% des bureaux et des logements sont multi-pollués. Le développement en cours de capteurs miniaturisés et connectés, mesurant certains polluants, permettra d’assurer un suivi massif de la qualité de l’air dans les bâtiments, et ainsi d’alerter pour agir en cas de pollution. On peut désormais estimer la qualité d’air intérieur grâce à Mathis-Qai, un logiciel de simulation et d’aide à la conception des bâtiments. La qualité de l’air intérieur étant devenue un critère de performance des bâtiments, elle se place de plus en plus au coeur des préoccupations et des attentes sociétales en matière de protection de la santé.

Gérer la complexité de l’air intérieur des bâtiments est un défi

Benjamin Ficquet, directeur Property & Exploitation d’Icade a expliqué :

"Au siège d'Icade à Issy-les-Moulineaux (Île-de-France), Veolia évalue l’air intérieur de nos espaces de travail en “flexoffice”. Nous avons constaté lors des fortes chaleurs qu’en éliminant les composants organiques volatiles (COV), il faut augmenter l’hygrométrie pour améliorer le confort des occupants, ce qui impacte la facture énergétique. La devise de Rambuteau au XIXème reste valable : « à Paris, il faut de l’eau, de l’air et de l’ombre. Dès la conception des bâtiments, nous pouvons utiliser des “scénarios climat” comme le fait Solideo (Société de livraison des ouvrages olympiques) pour modéliser l’usage en 2040 du futur village olympique Paris 2024. Nous modélisons aussi la pollution prévisionnelle des prises “d’air neuf” de futurs bâtiments à Bercy qui sont situés en zone de fort trafic routier", 

Frédéric Bouvier, directeur du pôle de compétences Air de Veolia a confirmé :

"Pour Veolia, garantir un air de qualité dans un bâtiment exige en premier lieu de poser un diagnostic en identifiant la nature de la pollution et en mesurant son niveau. C’est le service « AIR Control ». Puis, il faut traiter cette pollution en mettant en oeuvre les techniques adaptées selon le type de bâtiment avec « AIR Performance ». Enfin, il est essentiel d’associer les occupants pour obtenir des résultats pérennes avec « AIR Human ». Un exemple : plus de 90% des écoles en France sont affectées, car des particules entrent dans les bâtiments qui ne sont pas étanches. Et le confinement induit des niveaux de 4000 à 5000 ppm de CO2 dans certaines classes, ce qui est très au-dessus des recommandations de l’OMS. C’est pourquoi, au Raincy Veolia améliore la qualité de l’air intérieur de deux écoles pour 600 élèves, avec une garantie de résultats. Par ailleurs, le monitoring des bâtiments va accroître les connaissances sur l’air intérieur pour guider les futures règles de conception et d’exploitation des bâtiments"

Construire une filière de compétences dans le contexte de la transformation écologique

Sabine Fauquez-Avon, présidente d'OFIS et présidente du pôle de compétences Air de Veolia, a conclu la conférence : « La prise de conscience existe, les risques sanitaires sont connus et les attentes de la population sont fortes comme l’ont révélées les enquêtes menées par l'institut Elabe pour Veolia. Les bâtiments doivent rester sobres en énergie mais il ne faut pas négliger pour autant la qualité de l’air intérieur. C’est pourquoi, comme pour le traitement des autres pollutions difficiles, Veolia s’engage sur une garantie de résultat car en matière de risque sanitaire, l’obligation de moyen ne suffit pas. Une question se pose encore, celle de la valeur de la qualité de l’air. Pour l’apprécier, nous devons prendre en compte non seulement les coûts de l’amélioration de la qualité de l’air mais aussi ses bénéfices, tels que les gains de productivité ou la baisse de l'absentéisme. C'est aussi pour nous l’opportunité de construire une nouvelle filière de compétences dans le contexte de la transformation écologique. »




Retrouvez la totalité des articles de la revue Facts Reports sur “Qualité de l'air intérieur : relever les défis de l'invisible” ; ce numéro a été réalisé en partenariat avec le cabinet de conseil en développement durable Nomadéis.