Comment agir sur les écosystèmes pour préserver la biodiversité ?

Suivi de la biodiversité, restauration des milieux naturels, récifs artificiels… Les solutions pour préserver la richesse et la diversité des écosystèmes ne manquent pas. Avec bien souvent, des avantages à la clé pour les activités humaines.

 

S’il fallait un argument supplémentaire pour préserver les écosystèmes, la pandémie en cours nous l’a apporté. En rappelant que les humains ne sont pas épargnés par les conséquences de l’appauvrissement de la diversité du vivant et de la destruction des habitats naturels des espèces sauvages — qui favorisent la transmission de zoonoses (maladies ou infections transmissibles des animaux à l’homme et inversement) —, elle a ravivé l’urgence de lutter contre ce que certains scientifiques nomment la « sixième extinction de masse ». Rappelons que selon le rapport 2019 de l’IPBES, sur les huit millions d’espèces animales et végétales dénombrées sur la planète, jusqu’à un million seraient menacées d’extinction à brève échéance.

Les pistes pour agir sont pourtant nombreuses, comme en témoignent les initiatives qui fleurissent aux quatre coins de la planète, jusque dans les grandes entreprises. Lancé en 2018 par l’association française des Entreprises pour l’Environnement (EpE), des institutions scientifiques et des ONG, Act4nature a rallié plus de 60 entreprises dont une vingtaines du CAC40 (Veolia, SNCF, BNP Paribas…), qui s’engagent à éviter, réduire et sinon compenser leurs impacts sur la biodiversité. Anne Larigauderie, directrice de l’IPBES, commente à ce propos : « Les entreprises ont intérêt à se soucier de la biodiversité, pour des raisons économiques et de compétitivité (la disparition de la biodiversité peut nuire à la pérennité des activités industrielles en général), pour des raisons économiques découlant des choix des consommateurs et pour des raisons éthiques ».

Suivi high-tech

Avant d’agir sur les écosystèmes, encore faut-il connaître leur état de santé précis et suivre leur évolution dans le temps. Dans le domaine, les outils de monitoring se montrent de plus en plus pointus. Avec le Muséum national d’Histoire naturelle, Veolia a mis au point un réseau de capteurs associés à des algorithmes permettant de mesurer l’abondance des populations de chauve-souris, oiseaux et insectes sur certains sites — un bon indicateur de la santé des écosystèmes. Baptisé VERBATIM, cet outil de suivi automatisé commence à se déployer à Lille, Nice, en Île-de-France ou encore à Cagnes-sur-Mer (PACA). Dans cette commune, « on a vu la santé des écosystèmes s’améliorer en moins de deux mois avec le retour d’espèces rares et fragiles. », expose Fabien Verfaillie, écologue en charge du projet chez Veolia. Veolia est également à l’origine du WiiX (Water Impact Index), un outil mis à disposition des municipalités et des industriels pour mesurer l’impact de leurs activités sur l’eau douce. 
Et pour encourager ses clients à œuvrer pour la biodiversité sur ses sites, le Groupe a mis en place un guide de gestion écologique établi en partenariat avec l’UICN (association mondialement connue à l’origine de la liste rouge des espèces menacées) ainsi qu’un calculateur de gestion écologique (EcoLogiCal) estimant le coût — pas forcément plus élevé — d’une gestion plus respectueuse de l’environnement.

 

 

Aider la nature à reprendre ses droits

Autant de données cruciales pour aiguiller ensuite la mise en œuvre d’actions concrètes sur le terrain. Par exemple, sur certains sites, « des zones de rejet végétalisées — succession de milieux humides propices au développement de la vie aquatique animale et végétale — ont été mises en place entre les sorties de certaines stations d’épuration et le milieu naturel, dans le but de limiter l’impact des rejets des eaux usées et protéger la biodiversité », explique Muriel Chagniot, coordinatrice développement durable chez Veolia pour l’activité Eau France. 

À Bordeaux, des naturalistes de la SEPANSO (association française de défense de l’environnement) et de la Ligue pour la Protection des Oiseaux réalisent chaque année des inventaires de la faune et de la flore sur les 15 sites gérés par la SABOM (Société d’Assainissement de Bordeaux Métropole) afin de guider les propositions d’aménagements destinés à préserver et recréer des habitats. Les paysages naturels y abritent une biodiversité riche, dont certaines espèces rares ou menacées, comme le héron pourpré ou le cuivré des marais. Ses engagements sont déjà reconnus par le label « espace végétal écologique » (Ecocert) sur six de ses sites. 

Même son de cloche en région parisienne, où Veolia Eau Île-de-France (VEDIF) aménage deux nouveaux sites par an (mares, nichoirs, abris, arbustes…), ou encore du côté de la cité phocéenne. La Société Eau de Marseille Métropole (détenue par l’activité Eau France de Veolia) s’est engagée à gérer de façon écologique et durable des zones végétalisées en vue d’obtenir ce même label. Sur la base d’un inventaire réalisé en 2015, elle a déjà « planté plus de 10 000 végétaux, installé 250 nichoirs à abeilles sauvages, 150 nichoirs à oiseaux, 20 gîtes à chiroptères (chauves-souris), 20 hibernaculums et 10 hôtels à insectes, et abandonné l’emploi des pesticides sur les sites d’exploitation, détaille Frédéric Schneider, chargé de mission performance à la Société Eau de Marseille Métropole. Nous avons également mis en place des partenariats avec des associations apicoles locales en leur mettant à disposition les espaces verts des sites que nous exploitons pour l’installation de 120 ruches. D’autre part, tous les ans, avec la Fédération de pêche, nous transférons des poissons (entre 70 et 100 kg) vers les cours d’eau à repeupler ».

Repeuplement des rivières et récifs artificiels

Non moins urgente, la préservation des écosystèmes aquatiques fait elle aussi l’objet de diverses initiatives. Selon un rapport de l'UICN en 2019, une espèce de poisson d’eau douce sur cinq est menacée d’extinction en France métropolitaine. D’où les tentatives de réintroduire celles-ci dans des cours d’eau, à l’instar de l’apron du Rhône, dont 30 000 spécimens ont été relâchés dans la Drôme en 2018. « La réintroduction n'est utilisée qu'en dernier recours, la sauvegarde des milieux est la vraie solution », précisait alors le Muséum de Besançon. En République tchèque, ce sont pas moins de deux tonnes de truites arc-en-ciel et truites brunes qui sont réintroduites chaque année dans les cours d’eau du pays dans le cadre du projet « Trout Way » initié en 2011. Et ce, avec « l’amélioration de la qualité de l’eau des rivières grâce au développement du traitement des eaux usées », indique Eva Kucerova, directrice de la communication de la zone Europe centrale et orientale de Veolia.

La situation de la biodiversité marine n’est pas moins préoccupante, quand on sait par exemple que les récifs coralliens, qui abritent de nombreuses espèces de poissons, coraux et plantes, pourraient disparaître avant 2050. L’une des solutions pour restaurer ces écosystèmes fragiles consiste à les remplacer par des récifs artificiels. Déployé le 2011 au large de Toulon à l’initiative notamment de la fondation Veolia, le projet Remora entend ainsi recréer de la biodiversité là où elle a été détruite par les activités humaines (les eaux des égouts de plusieurs communes de la région étaient rejetées directement dans la mer, avant la mise en service d’une station d’épuration en 1997). Un système de reconnaissance et de comptage des espèces sous-marines, Scirena, permettra de réaliser le suivi du repeuplement de la faune marine autour de ces récifs faits d’un mélange de béton, de fibres plastiques et de ferraille.

Des bienfaits pour les humains

Ruche API smart

De la purification de l’eau à la régulation du climat (en capturant et en stockant le CO2 atmosphérique) en passant par la production de l’oxygène indispensable à la vie, grâce à la photosynthèse, la biodiversité est essentielle. Si bien que certaines solutions aux problématiques humaines — accès à une eau potable de qualité, agriculture saine… — se trouvent dans nos interactions avec le vivant et la protection des milieux. Les abeilles, par exemple, sont aussi menacées qu’indispensables au maintien de l'équilibre des écosystèmes et de l’agriculture. Mais ce n’est pas tout : « Dans l’Artois-Douaisis, avec notre partenaire Beecity (Apilab), les abeilles sont placées sous haute surveillance, et servent en même temps de bio-indicateurs, affirme Laurent Kosmalski, directeur du territoire Artois-Douaisis pour l’activité Eau France de Veolia. En allant butiner, elles donnent des indications précises de la santé de l’environnement immédiat dans le périmètre où elles sont installées »

Dans les ruches connectées déployées dans le cadre du programme API-Smart, des capteurs analysent l’activité des abeilles et des prélèvements ponctuels sont réalisés. « Des analyses biochimiques nous permettent de les surveiller et de nous alerter en cas de pollution de l’eau ou de l’air, souligne Frédéric Schneider. En complément des capteurs dans les réseaux d’eau, elles nous donnent des indications plus larges sur le milieu naturel ».

Un exemple parmi d’autres qu’un environnement sain bénéficie à l’ensemble du vivant, humains compris.

 

 

Logo du media Usbeck et Rica

En collaboration avec Usbek & Rica, le média qui explore le futur