Conférence de l’Institut Veolia : Sobriété et partage seront décisifs pour la transformation écologique

Alors que l’urgence d’agir face au changement climatique s’impose, quel chemin prendre pour la transformation écologique ? L'Institut Veolia a réuni un panel d’experts sur les défis économiques et sociaux de cette transformation. Retour sur le débat qui s’est déroulé au siège du Groupe à Aubervilliers le 30 novembre dernier.

« Une transformation est un mouvement volontaire, pas seulement un ajout à l'existant comme les transitions passées qui ont été davantage subies », introduit Nicolas Renard, directeur exécutif de l'Institut Veolia. L'excès de prélèvement des ressources naturelles engendre la rareté, comme les rejets dans la nature la pollution. La transformation écologique n'est pas une option. Mais il faut qu’elle soit juste.

Certains secteurs perdront des emplois, d'autres en gagneront.
 

Recréer du partage et des solidarités, pour plus de sobriété

De son côté, l'Ademe propose 4 scénarios. Dans le scénario 1, les français changent leurs modes de vie (consommation de viande divisée par 3, rénovation massive des bâtiments en réutilisant les bureaux le soir pour des loisirs, réemploi des produits conçus pour durer). Le scénario 2 est celui des concertations (consommation de viande réduite, mobilité douce, réindustrialisation, réduction de 50% de l'énergie consommée). Le scénario 3 repose sur la technologie et le numérique (reconstruction des bâtiments, mobilité électrique non réduite, réduction de 40% de l'énergie avec captage du CO2). Le scénario 4 préserve notre mode de vie (réduction de 20% de l'énergie et captage massif du CO2). 

« Dans ces 4 scénarios, le PIB ne change pas, mais il faut décarboner l'énergie et recréer du partage et des solidarités pour accroître la sobriété », conclut Valérie Quinou-Ramus, directrice exécutive de la prospective et de la recherche à l'Ademe.

 

Donner une valeur locale aux déchets, pour mieux les trier

Face au défi de la décarbonation, les entreprises ne sont pas sans solutions. Veolia veut accélérer. Selon un sondage réalisé avec Elabe, pour 60% de la population mondiale, le coût de l'inaction sera supérieur à celui de l'action. Parmi ses solutions, Veolia transforme les déchets en énergies et en matières recyclées. Trier nos déchets devient de plus en plus compliqué. 

« Mais avec des produits recyclables, trier en vaut la peine car le déchet a une valeur. Il faut faciliter les gestes de tri pour mieux séparer les matières valorisables, ce qui permettra aux industriels d’investir pour utiliser ces matières. Et pour inciter tous les citoyens à trier, Veolia propose des approches adaptées à chaque territoire, ou même à l’échelle des quartiers », explique Anne Le Guennec, directrice générale de l’activité Recyclage et valorisation des déchets de Veolia France.

 

> Lire notre article : la sobriété énergétique, qu'est-ce que c'est ? 

Réalisé auprès d’un échantillon couvrant plus de la moitié de la population mondiale.

Réutiliser des matériaux de construction qui durent 200 ans !

Tout le monde n’est pas d’accord. Fabrice Bonnifet chez Bouygues martèle : « Il faut arrêter d’être dans le déni ! On ne pourra pas remplacer les 83% d'énergies fossiles que nous consommons par des énergies intermittentes renouvelables. Bien sûr l'efficacité énergétique progresse : par exemple la 5G a une meilleure efficacité énergétique que la 4G. Mais nos usages croissent tellement vite que l'énergie consommée par nos smartphones progresse de 9% par an. »

Pour le directeur développement durable et qualité, sécurité, environnement du Groupe Bouygues, la sobriété ne reposera que sur le réemploi des matériaux et le partage. Il faudra être capable de réutiliser les matériaux de construction pendant 200 ans !
 

Les jeunes européens sont en avance

Laurence Lehmann-Ortega, professeur de stratégie et politique d’entreprise à HEC, conclut que les écoles de commerce se mobilisent. Il y a 3 catégories d’étudiants à HEC : les “activistes” qui veulent accélérer ; les “indifférents” qui sont peu engagés ; et les “étatistes” pour qui l'entreprise ne s'adaptera que sous la contrainte. Parmi tous les étudiants d'HEC venus du monde entier, les jeunes européens sont en avance sur ces thèmes.

Pour en savoir plus

Retrouvez le nouveau numéro de la revue de l’Institut Veolia sur “Les défis sociaux et économiques de la transformation écologique”, n°24 | 2022